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Pile ou Face !

mercredi 29 avril 2015, par Véronique Janquin

Le recyclage en général et celui des piles en particulier n’est pas une pratique acquise pour tout le monde.
Les élèves de 6°B du collège Jean-Philippe Rameau ont choisi de faire avancer les choses. Ils concentrent leurs premiers efforts sur la collecte des piles et petits accumulateurs usagés. Car, aussi petits soient-ils, ces objets représentent la part la plus polluante des déchets. Les législations française et européenne ont rendu obligatoire la collecte et le recyclage ; des bornes de collecte sont en place. Comment se fait-il, alors, que seule une pile sur trois intègre le circuit du recyclage ? Où sont passées les deux autres ? La traque est ouverte....

Qu’est-ce qu’une pile ?

Il y a presque 200 ans, l’ Italien Volta inventait la première pile. C’était le début de recherches qui se poursuivent et se concentrent sur l’élaboration d’objets toujours plus performants mais aussi moins polluants. De toutes tailles, de compositions variables, rechargeables (celles-ci sont en fait des accumulateurs) ou non, les piles offrent une source d’énergie électrique pratique et durable. Notre quotidien est habité d’objets fonctionnant grâce à l’énergie issue des piles.
Les élèves de 6°B ont donc d’abord découvert le principe de fonctionnement d’une pile avec les professeurs de sciences physiques du collège. L’étude de la composition d’un accumulateur permet de comprendre pourquoi la pollution est importante quand une pile est laissée dans la nature.

Des métaux lourds...

L’utilisation des piles est sans danger pour les utilisateurs quand leur usage est correct. Cependant les inconvénients surviennent avec les produits usagés. Il est nécessaire de rappeler la présence de certains composants chimiques, en particulier celle de certains métaux lourds. Ainsi, les piles peuvent contenir du nickel, du cadmium, du mercure, du plomb, du fer, du zinc, du manganèse ou du lithium. Ils sont toxiques et nocifs pour la santé humaine ou animale et l’environnement.
La présence de plus de 0,025 % de poids de mercure est proscrite dans les piles depuis 1991 mais les piles boutons en contiennent toujours (l’interdiction totale entrera en vigueur à l’automne 2015). Or, Il est établi qu’une pile bouton peut polluer 1m3 de terre et 400 litres d’eau pendant 50 ans. Jetées dans les décharges ou dans la nature, les piles sont exposées aux intempéries et subissent les effets de la corrosion : leur boîtier s’oxyde et laisse échapper les métaux lourds. Ceux-ci vont alors contaminer la terre, s’infiltrer dans le sol et atteindre les nappes phréatiques ou les cours d’eau. Ainsi 95% du mercure des lixiviats (liquide ou "jus" issu des déchets) des décharges de déchets ménagers proviennent des piles.

Même quand les piles sont brûlées...

Quand les piles sont jetées avec les ordures ménagères et qu’elles sont incinérées, leurs composants se dégagent dans les fumées ou restent dans les cendres. Ces substances toxiques ont des durées de vie plus ou moins longues et elles pénètrent plus ou moins rapidement et directement les chaînes alimentaires, exposant les animaux puis les hommes qui les consomment à une contamination. Le processus d’empoisonnement se fait dans la durée mais n’en n’est pas moins dangereux !

Une pollution qui va toucher les enfants de nos enfants

Petit à petit, les organismes accumulent les métaux lourds qui finissent par provoquer l’apparition de troubles de la santé et de maladies mortelles telles que les cancers. Certains organes tels que le foie, les reins et même le système nerveux ou l’appareil respiratoire sont particulièrement touchés. Averti de ces dangers, le consommateur comprend qu’il y va de sa protection et de celle de son environnement proche de rapporter les produits usagés dans les bornes.
Mais la dangerosité ne se limite pas aux éléments usagés. L’extraction minière, la purification et le transport des matières premières utilisées pour la fabrication constituent une pollution à la source pouvant représenter jusqu’à 80 % des pollutions touchant l’environnement selon le type de pile ou d’accumulateur. Le problème prend alors une dimension planétaire.

Selon le rapport 2014 édité par Corepile (éco-organisme sous Agrément d’Etat depuis 2010 qui assure la collecte et le recyclage des piles et accumulateurs portables), chaque Français utilise en moyenne 20 piles et ou petites batteries par an. Corepile estime qu’une maison "abrite" une moyenne de 85 piles alors qu’un appartement en abrite 63. Rien que dans une chambre d’adolescent, les piles sont indispensables au fonctionnement d’au moins une vingtaine d’objets dont ils ne sauraient se passer.....

Les constats des élèves rejoignent les constats nationaux.

Les points de collecte existent mais l’expérience des élèves corrobore les résultats du sondage Ifop-Batribox réalisé en mai 2008 : ils sont insuffisants, souvent mal mis en évidence, très fréquemment pleins ou mal entretenus, voire ils débordent de piles usagées et déjà rouillées. Ajouter à cela l’ignorance et la paresse... Selon le sondage, 10 % des personnes interrogées jettent les piles avec leurs ordures ménagères. Dans le meilleur des cas, les piles sont stockées dans les maisons ; Batribox estime ce nombre à plus d’un milliard d’unités, soit 50 000 tonnes.
Lors des démarches de sensibilisation entreprises par les équipes de 6°B, un cas insolite est repéré : une dame âgée "range" ses piles usagées dans le réfrigérateur, pensant que c’est une bonne astuce ! Elle a refusé de les confier. Des idées fausses circulent donc ! Mais cela ne décourage pas les équipes. Les 24 jeunes développent une stratégie pour que les 70% de piles "perdues" trouvent le chemin du recyclage.

Des particuliers...

Les élèves du collège investissent leur territoire. Les élèves informent et proposent de confier une petite boîte de stockage BATRIBOX dont ils viendront collecter le contenu une fois par mois. Ainsi, en deux semaines, pas moins de soixante foyers adhèrent au projet et 20 kilos de piles usagées quittent les fonds de tiroir.

Aux institutions !

Monsieur Jacky DUPAQUIER, maire de Velars sur Ouche écoute et aide les élèves à installer un point de collecte à la mairie ; la crèche et la maison de retraite jouent aussi le jeu.

M. Dupaquier et l’équipe de Velars/Ouche

La croisade du recyclage des piles est aussi menée auprès de leurs paires : le collège devient un lieu stratégique. Puisque que les moins de 35 ans représentent une population cible prioritaire. Une borne Corepile est installée dans l’enceinte de la vie scolaire, point de passage incontournable des élèves et des enseignants, une batribox mise en place au CDI.
Le collège est répertorié comme point de collecte Corepile. Des contacts sont pris avec les écoles du secteur pour généraliser le mouvement. L’action sera renforcée lors de la journée de célébration de la Terre (22 avril) au collège. Les jeunes acteurs de l’environnement comptent amplifier leur action en collaboration avec la ville de Dijon.

Le mouvement de collecte autour du collège ne s’arrêtera pas, l’énergie gâchée quand les piles ne sont pas collectées est convertie en énergie pour les ambassadeurs du tri de 6ème B. Le grand défi est lancé, les élèves du collège sont prêts à le relever en emmenant le monde entier avec eux !